National Partnership of Children and Youth in Peacebuilding

Coalition Jeunesse, Paix et Sécurité : Des échanges interprovinciaux riches en recommandations pour renforcer l’action des jeunes dans un contexte de crise

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Du 12 au 13 juin 2025, le Centre d’accueil Caritas de Goma a accueilli un atelier d’échange d’expériences entre les comités de pilotage de la Coalition Jeunesse, Paix et Sécurité (CJPS) du Nord et du Sud-Kivu. Cette rencontre s’inscrivait dans le cadre du projet  » Promouvoir la participation politique des jeunes au Nord et Sud Kivu à travers l’appropriation de l’agenda Jeunesse, Paix et Sécurité », soutenu par le Fonds pour la consolidation de la paix (PBF) à travers un consortium piloté par Search for Common Ground et mis en œuvre notamment par NPCYP (National Partnership of Children and Youth for Peacebuilding), Youth for Peace et YALI.

Pendant deux jours, les jeunes leaders venus des deux provinces ont partagé leurs pratiques, analysé leur contexte sécuritaire et politique respectif, et formulé des recommandations concrètes pour renforcer leur collaboration interprovinciale. Au terme des travaux, les résultats se révèlent porteurs d’espoir malgré le climat d’instabilité qui affecte la région.

Une stratégie commune pour des défis partagés

« La rencontre a permis de consolider la coopération entre les jeunes du Nord et du Sud-Kivu », a souligné Jospin Amani, chargé de suivi et évaluation chez NPCYP et organisateur de l’événement. Selon lui, les jeunes ont d’abord partagé leurs bonnes pratiques en matière de localisation de la résolution 2250 du Conseil de sécurité des Nations Unies, avant de procéder à une analyse approfondie des défis sécuritaires et structurels qui freinent leur action.

« À l’issue de l’analyse contextuelle, une stratégie conjointe de collaboration interprovinciale a été définie, avec des mécanismes de suivi et une équipe chargée de la mise en œuvre des recommandations », a-t-il précisé. Cette feuille de route constitue désormais une base de travail pour les prochaines étapes du projet, dont une mission d’évaluation prévue à Bukavu dans les mois à venir.

Une structuration renforcée des organisations de jeunesse

Venue du Sud-Kivu, Déborah Moubalama, vice-présidente du Conseil provincial de la jeunesse, s’est dite impressionnée par la maturité acquise par les structures encadrant les jeunes. « Avant, chaque structure agissait isolément. Aujourd’hui, grâce à la CJPS, il y a une cohésion, un cadre de concertation et une responsabilisation plus forte », a-t-elle noté.

Elle a appelé les jeunes à s’enrôler davantage dans ces cadres formels, et à poursuivre leurs actions malgré le contexte d’insécurité : « Même si les résultats ne sont pas immédiats, les efforts d’aujourd’hui peuvent porter des fruits demain. »

Une lecture comparative des contextes

Raphaël Nguba, coordonnateur de l’organisation Recherche sur sa Frontière et membre actif de la CJPS au Nord-Kivu et facilitateur des deux journées d’échange, a salué la pertinence des échanges. Il a souligné la richesse des contributions des jeunes et mis en lumière les différences contextuelles entre les deux provinces, notamment sur les plans géopolitique, économique et environnemental. Malgré la présence de zones sous occupation de facto, les jeunes ont su proposer des stratégies d’adaptation réalistes et des mécanismes de collaboration interprovinciale.

Il a également relevé la volonté manifeste des jeunes de créer des coalitions thématiques structurées – à l’image des « clusters » humanitaires – pour coordonner leurs actions dans les zones inaccessibles aux acteurs internationaux. Enfin, il a mis l’accent sur l’importance du travail en synergie, afin de maximiser les opportunités et renforcer les capacités des structures de jeunesse dans les deux provinces.

Transformer les défis en opportunités d’action

Éric Bwira, responsable de l’organisation Génération Épanouie à Goma, a pour sa part insisté sur la nécessité d’agir sans attendre un retour à la normale. « Le contexte actuel, marqué par la menace de recrutement forcé des jeunes dans des groupes armés, nous oblige à intervenir. Ces instants de crise doivent être vus comme des opportunités pour intensifier nos actions de sensibilisation, de mobilisation et d’encadrement des jeunes. »

Un espoir lucide porté par la jeunesse

Au-delà du simple échange d’expériences, cette rencontre a permis de faire émerger une vision partagée entre jeunes du Nord et du Sud-Kivu : une jeunesse consciente de ses responsabilités, capable d’agir en synergie et de peser dans les processus de paix, malgré les turbulences.

Les résultats de ces travaux illustrent une volonté réelle de structuration, de collaboration et d’impact durable. Les prochaines étapes, attendues avec attention, devront traduire ces engagements en actions concrètes sur le terrain

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Patrick BASSHAM